Lundi 16 décembre, 6ième jour de mer.
Ça y est, nous sommes au milieu ! Et même plus proches de quelques miles des côtes de La Martinique que de celles du Cap Vert. Nous avions 2100 miles, il en reste 941 en route directe, en fait un peu plus avec les quelques bords à tirer. Nous pouvons enfin nous projeter dans l’arrivée, ca fait du bien. Les guides des Antilles sont de sortie et nous commençons à réfléchir au choix de notre lieu d’atterissage. Très probablement le mouillage Sainte Anne, à droite de la baie du Marin. Philéane et Pierre feuillètent les guides nautiques des Antilles et rêvent devant les photos de lagons aux eaux turquoises.
La nuit dernière, encore une nouvelle étape de franchie dans les conditions sportives de cette traversée. En effet, le vent s’est encore renforcé en début de nuit, ainsi que la fréquence des grains. Avec les claques des vagues encore plus fortes, les accélérations et vibrations des départs au surf, seuls les enfants parvenaient vraiment à dormir. À 1 heure du matin nous avons affaler la grande voile, naviguant sous solent seul. Du coup entre les grains nous nous trainions à 5-6 nœuds, mais au moins nous pouvions dormir…
Ce matin le capitaine trépigne, veut ré-hisser la grande voile pour reprendre un peu de vitesse. Je réussi à le faire patienter jusqu’au passage d’une ligne de grains. Nous mettons ensuite la grand voile avec 3 ris. Quelques minutes plus tard, le vent monte à nouveau jusqu’à 42 noeuds, puis molit. Nous repassons ensuite en vitesse de croisière, 8 nœuds, saupoudrés de pointes entre 10 et 14 nœuds. Quelques grains nous rattrapent à nouveau, mais de jour, ces accélérations sont moins stressantes. Et cette voilure peut encaisser jusqu’à 50 nœuds de vent. La stabilité du bateau dans les pointes nous impressionne. Il n’enfourne pas du tout, nous nous sentons toujours en sécurité. Notre limite est plus psychologique, portée par le risque de casse. Aussi loin de tout, nous ne voulons pas chercher à tester les limites du bateau !
Je relisais hier la traversée de Geoffroy de Bouillane, sur le même bateau (« Un temps pour un rêve »), Ils ont eu très peu de vent et ont mis 15 jours. Certes c’est plus long, mais ils pouvaient prendre l’apéro dans le trampoline, faire le CNED, être dehors au soleil, profiter de cette parenthèse en famille. Pour nous se sera de l’ordre de l’épreuve. Enfin, on ne choisit pas son alizé… À moins peut-être d’être prêt à attendre des semaines une hypothétique fenêtre parfaite !
Pierre vient de me dire qu’il était « de plus en plus content ». Ah bon, et pourquoi? « Parce qu’on se rapproche de plus en plus de la Martinique. » Oui, tout le monde est content à bord 🙂
Notre position à 18h TU 17 57 N 45 06 W et il nous reste 941 milles à parcourir.
Isabelle
This article was written by william