Le Rif marocain

Le Rif marocain

Mais quel jour sommes nous déjà? Coup d’œil au calendrier : samedi 31 août. Il est midi, grand soleil, pas de vent, nous avançons au moteur vers l´Ouest, en direction M’diq, mer d’Alboran, côte méditerranéenne du Maroc. Les enfants font le CNED dehors sur la table du cockpit, notre vitesse crée un petit vent qui nous rafraîchit agréablement. Nous longeons la côte nord du Rif Marocain : de très belles montagnes sauvages aux couleurs orangées, entre zones arides et parties boisées, descendant à pic dans la mer Méditerranée. Quelques villages parsèment ça et là la côte en pied de vallée, là où certainement un oued rejoint la mer.

Port d´entrée d´Al Hoceima

Nous sommes partis ce matin d’El Jehba, un petit village de pêcheurs très pittoresque. Ce village, quel contraste avec l’escale précédente ! L’avant-veille, nous avions dû faire notre entrée au Maroc par un port permettant les formalités d’entrée sur le territoire Marocain : Al Hoceima, un port naval, accueillant aussi pêcheurs et ferrys, mais sans aucune infrastructure pour les plaisanciers… Nous étions amarrés sur le quai des ferrys, un quai couvert de fientes de mouettes ! Formalités effectuées, l’environnement et surtout l‘odeur, nous décident à quitter cet endroit au plus vite ! Un bémol cependant pour la ville : blanche, accrochée en haut de la falaise, elle offre de très beaux points de vue sur la mer et l’ambiance animée sur la place principale y est très sympathique.

Le village de pêcheur d´El Jehba

Après cette première escale marocaine décevante, le village d’El Jehba nous enchante ! A l’entrée du port, une bande de jeunes garçons saute de la jetée et nage vers nous. Je crains que nous ne blessions l’un d’eux avec les hélices ! Un militaire vient vérifier notre identité, puis les pêcheurs nous calent entre deux de leurs bateaux. Au vu de la gîte et de l’état de certains, nous pensons qu’ils sont sans doute en fin de vie. Mais pas du tout, des hommes commencent à s’affairer autour, puis partent en pêche. Nous partons dans le village et trouvons beaucoup de monde à la terrasse des cafés, devant les écrans : match de foot oblige, le Bayern joue contre Chelsea… Mais une coupure d’électricité prive soudainement les spectateurs de leur match. Nous apprenons d’ailleurs que le village n’a le réseau électrique que depuis quelques années ! Un villageois nous guide très gentiment jusqu’au café internet où nous espérons pouvoir échanger quelques emails, mais nous trouvons porte close : est-ce dû à la brève coupure électrique ? Notre guide suggère plutôt le match de foot… Puis c’est l’appel à la prière, nous passons devant la mosquée, toutes les portes sont ouvertes et nous apercevons le début du rassemblement.
Il y a très peu de touristes étrangers ici, donc forcément notre bateau fait l’attraction sur le port, beaucoup de gens nous observent discrètement, quelques uns nous souhaitant le bonjour et la bienvenue. Certains parlent couramment français, la plupart seulement quelques mots. Un villageois commence à discuter avec nous et nous invite même à prendre le thé. L’accueil y est vraiment tout autre qu’à Al Hoceima !  Nous retrouvons ici l’ambiance de nos précédents voyages au Maroc, vers l’Atlas et sur les routes du désert : des contacts conviviaux, simples et chaleureux. Nous tentons notre première négociation de prix avec le marchant de fruits et légumes : des beaux haricots verts, de magnifiques tomates et de délicieuses pêches pour 3,50 euros, chaque partie est contente de son affaire !

Les pêcheurs d´El Jehba

En plein cœur du petit port, nous assistons aux départs et arrivées des bateaux. C’est une ambiance magique de voir les pêcheurs à l’ouvrage. Chaque bateau est accueilli sur le quai par une douzaine de personnes et deux ou trois camionnettes. Le chalutier devant notre étrave débarque une cinquantaine de caisses, avec sa pêche méticuleusement triée : soles, sèches, chinchards, orphies, couteaux, calamars… Le bateau derrière nous dévide son énorme filet sur le quai. Les pêcheurs écartent les mailles du filet en arc de cercle et le nettoient au fur et à mesure, laissant tomber sur le quai petites sardines et autres résidus de la pêche. Les chats en font un festin et certains passants récupèrent des appâts. A côté, une équipe de deux ou trois hommes assis par terre, sous des parasols, recousent les filets.

Nous serions bien restés un ou deux jours de plus mais la météo en décide autrement. Lors de notre prochaine escale, à M’diq, nous espérons pouvoir laisser le bateau en sécurité et faire une intrusion dans les terres, louer une voiture et visiter Tétouan, peut-être Tanger.

This article was written by Isabelle

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